Quand les enfants prennent le guidon
Rouler à vélo est un jeu d’enfant. Sur la route, le défi est toutefois de taille et non sans danger. Entre les tentatives initiales et le premier tour à vélo sérieux, le sentier s’avère tortueux.
Il me semble que c’est la centième fois que je crie: «On se concentre!» depuis moins de quatre heures. Nous pédalons entre Berne et Soleure, sur la piste cyclable. Deux adultes et un enfant de 7 ans. Pour l’essentiel, le trajet plat de 40 kilomètres suit des pistes cyclables et des routes secondaires. Grâce à des sandwiches et à un large choix de sucreries, l’humeur est plutôt bonne malgré l’effort.
Mais reprenons depuis le début. De nos jours, grâce aux trottinettes et aux draisiennes, les enfants apprennent tôt à faire du vélo. La trottinette convient dès que l’enfant sait se tenir seul sur ses jambes. Les premiers essais au guidon d’une draisienne sont possibles dès que les jambes de notre cycliste en herbe sont suffisamment longues pour que ses deux pieds touchent le sol. Une chose est sûre: les petit·es adorent les descentes et n’aiment pas freiner. Les parents ont donc besoin de nerfs solides et d’une bonne réactivité. Par ailleurs, il convient de se rappeler que toute montée est pénible et de s’attendre à devoir porter le ou la jeune cycliste (avec son deux-roues).
Une question de capacités cognitives
Notre enfant a très tôt exprimé le souhait de rouler au guidon d’un vrai vélo (c’està-dire équipé de pédales). La première occasion s’est présentée à un anniversaire. Pendant la fête, il est effectivement parvenu à rouler sans aide sur quelques mètres, après une demi-heure d’essai seulement. Il était clair toutefois qu’entre cette première tentative et la circulation sur la route, le chemin serait long.
Les enfants en bas âge ne savent pas si un véhicule roule ou s’il est arrêté. Ils et elles ont rarement conscience des dangers et ne sont capables d’identifier d’où vient le bruit qu’à l’âge de six ou sept ans. Plus jeunes, ils et elles sont incapables de localiser les bruits latéraux ou venant de derrière. En première année primaire, leur champ de vision est tronqué à 70 % environ. Ce n’est qu’à l’âge de dix ans que les enfants sont en mesure d’estimer les vitesses plus ou moins correctement.
Cette combinaison d’aptitudes non développées et de dangers réels rend la circulation sur la route (et même sur le trottoir) très difficile – pour toutes les parties impliquées. Il faut beaucoup d’entraînement. Le dimanche matin convient bien pour exercer la circulation dans les giratoires ou les carrefours avec feux de circulation. Et quand l’enfant est en sécurité, profitez-en pour regarder ailleurs. Vos nerfs vous diront merci!
Une question de volonté
L’apprentissage n’est jamais linéaire. Notre enfant a dernièrement exprimé le souhait de se rendre à l’école en trottinette. À titre personnel, je préfère encore qu’il roule à vélo sans tenir son guidon... Heureusement, l’école ne permet pas (encore) de venir en trottinette.
Pour l’instant, retour à notre trajet de Berne à Soleure: notre enfant s’intéresse peu à ce qui se passe devant son guidon et davantage aux oiseaux perchés sur les arbres, au cycliste que nous venons de croiser ou à ses pensées les plus profondes. Le regard de ses parents s’attarde lui aussi de plus en plus longtemps sur les champs ou suit (avec une pointe d’envie) les autres cyclistes qui filent sur le chemin. «On se concentre!»